25 août 2006

De la pauvreté comme moteur du capitalisme

Si je dis que le système capitaliste a besoin de pauvres pour subsister, je ne suggère pas de supprimer les riches, ni encore moins les pauvres. Ce que je veux dire c’est que la nature même du capitalisme, son essence, génère la pauvreté. Je ne parle pas de la relativité des notions de pauvreté et de richesse, je parle de l’exploitation, nécessaire à sa survie, qui soutient, qui fonde le système capitaliste, d’une majorité des citoyens – qui ne cesse de s’appauvrir - par une minorité – qui ne cesse de s’enrichir. Paradoxalement, la pauvreté elle-même génère des profits pour les plus riches – il n’y a qu’à observer l’accroissement du surendettement ou le marché immobilier pour s’en rendre compte.

S’il est vrai qu’il y a toujours dans une société donnée à une époque donnée des riches et des pauvres et que ces pauvres peuvent se trouver être les riches de plus pauvres qu’eux, ailleurs ou à une autre époque, ce rapport est facilement mesurable dans le temps et l’espace. Quand 10% (c’est un exemple) de la population s’octroie 90% de la richesse d’un pays, ce n’est pas la même chose que lorsque 30% de la population possède 50% des revenus et que, par exemple aussi, les 50% sont partagés par des « classes moyennes » et des plus pauvres. Ce n’est qu’une observation de bon sens.

En réfléchissant un peu là-dessus, cela éviterait à certains de reproduire des « clichés » comme celui du seuil de pauvreté aux Etats-Unis qui correspondrait à une « certaine aisance » en France. Allez poser la question aux milliers de « homeless » de New-York, de Washington ou de la Nouvelle-Orléans pour voir ce qu’ils en pensent !

Un autre cliché consiste à reprocher à ceux qui observent un phénomène (l’accroissement de la pauvreté concomitant avec celui de l’extrême richesse, par exemple, toujours) de vouloir retourner au Moyen-Age ou de vouloir « l’égalité absolue des revenus ». Bien sûr que le désir est un mécanisme inhérent à la condition humaine et que vouloir s’enrichir n’est pas contestable en soi, ce qui est révoltant (qui génère la révolte, donc) c’est que cet enrichissement n’est pas possible pour une fraction importante de la population mondiale et, qu’en France, par exemple, certains patrons s’octroient des rémunérations sans rapport avec leur activité mais en se basant sur les rémunérations des patrons étasuniens.

Quant à ce que je pense du capitalisme lui-même, pour ce qui est de l’économie de marché, il me semble difficile d’y renoncer (encore que…) mais, à mon sens, l’intervention de l’Etat dans l’économie est encore possible (ce qui est régulièrement démontré comme dans l’affaire concernant AEDS ou la fermeture d’usines) et souhaitable. Les politiques, aujourd’hui, sont impuissants devant la finance sauf quand il s’agit d’accroître les profits de quelques-uns ou de soustraire certains à la justice. Il demeure scandaleux, et je ne veux pas croire qu’on n’y peut plus rien, que des patrons français quittent leur entreprise, quel que soit l’état où ils la laissent (humainement et financièrement), avec des parachutes dorés de plusieurs millions d’euros. Aux Etats-Unis, patrie du capitalisme sauvage, un patron peut très facilement être traduit en justice et condamné pour mauvaise gestion de son entreprise. Un capitalisme régulé mondialement pourrait facilement voir le jour qui cesserait enfin de laisser les trois quarts de l’humanité dans le plus extrême dénuement.

Savez-vous « qu’en 1999, la fortune cumulée de 358 personnes est égale à la somme des revenus de 2,3 milliards de personnes dans le monde », selon le Programme des Nations-Unies pour le Développement ?

Allez, une petite dernière pour la route : il suffirait d’une taxe mondiale de 0,1% sur les budgets de publicité pour ERADIQUER la faim dans le monde. Qu’attend-on ?

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